La Galerie des meubles du Musée du Palais impérial a ouvert ses portes en septembre 2018. Consacrée à une forme d’art spécifique, la galerie est similaire à la Galerie des céramiques, à la Galerie des peintures et des calligraphies et aux autres galeries consacrées à des arts spécifiques. L’espace d’exposition initial de la Galerie des meubles est situé dans le secteur sud-ouest de la Cité interdite, dans une zone connue sous le nom d’Entrepôts du sud. Cette première phase d’exposition comprend une présentation de plus de 300 pièces ou ensembles de mobiliers de la dynastie des Qing (1644-1911) utilisés par la cour impériale.

Le plan du conservateur comprend trois phases. Dans l’espace d’exposition de la première phase, en plus de l’exposition de plus de 300 pièces de mobilier des Qing, un autre groupe de plus de 30 pièces ou ensembles de mobilier exquis des règnes de Kangxi (r. 1662-1722), Yongzheng (r. 1723-1735) et Qianlong (r. 1736-1795) est présenté dans des scènes de cours, de studios d’érudits, de salles de musique ou d’autres expositions thématiques avec des caractéristiques multimédias et un éclairage de pointe. Ces expositions recréent des scènes de la dynastie des Qing telles qu’on peut les voir dans des œuvres comme Le portrait de Hongli « L’un et l’autre » par un artiste anonyme de la dynastie des Qing (Qingren hua Hongli shiyi shier tu).

Le Musée du Palais impérial possède actuellement plus de 6 200 pièces ou ensembles de mobilier des Ming (1368-1644) et des Qing dans sa collection ; nombre de ces œuvres sont rares et constituent les plus superbes exemples de certains types de mobilier de ces périodes. Pendant de nombreuses décennies, ces trésors de mobilier impérial ont été stockés au plus profond des magasins de la collection du musée. À partir de 2015, l’administration a commencé à étendre les zones accessibles au public et à augmenter le nombre d’objets exposés. À l’époque, les entrepôts sud ont été désignés comme un espace d’exposition pour le mobilier de cour. Après près de trois ans de planification et de rénovation, les entrepôts sud ont été ouverts à l’automne 2018 en tant qu’espace moderne pour stocker et présenter des exemples exquis de mobilier dynastique.

Dans son introduction à la Galerie des meubles, le conservateur du Musée du Palais impérial, Shan Jixiang, a fait remarquer qu’une grande partie du mobilier de la collection du Musée est conservée dans des entrepôts en surface, dans des espaces restreints. Étant donné que de nombreuses salles et cours du palais présentent un décor d’époque avec des arrangements de mobilier, la Galerie des meubles, avec sa présentation de type « entrepôt », offre un moyen créatif de partager les collections du musée avec le public d’une manière compatible avec les principes de conservation. Le mobilier ayant toujours été entreposé à température ambiante, les espaces d’exposition sont équipés de systèmes de circulation d’air mais sans être climatisés.

Selon le plan du conservateur, les trois phases de la Galerie des meubles sont réparties entre deux zones du secteur sud-ouest de la Cité interdite. La première et la deuxième phase seront ouvertes dans la zone des entrepôts sud, tandis que la troisième sera située dans la zone de la Salle du parfum du Sud (Nanxundian). Avec plus de 2 000 pièces ou ensembles de mobilier, les espaces d’exposition serviront à la fois d’entrepôts et de galeries. La deuxième phase est conçue comme une exposition de style entrepôt. La troisième phase présentera principalement du mobilier des Ming. À l’avenir, les œuvres présentées pourront changer afin d’offrir au public la possibilité de voir une plus grande partie de la collection. À terme, les trois phases complètes seront complétées par de nouveaux espaces d’exposition dans la Salle de la prouesse militaire (Wuyingdian) et le Pavillon des trésors incarnés (Baoyunlou).

Exposition initiale : La beauté des meubles des règnes de Kangxi, Yongzheng et Qianlong

L’espace d’exposition de la Galerie des meubles dans les entrepôts sud est divisé en deux parties : la première est intitulée « Pays et famille dans le mobilier de la dynastie des Qing », une vitrine thématique sur les rituels et le mode de vie impériaux tels qu’ils sont représentés dans le mobilier de l’époque. La seconde est un espace de style entrepôt conçu selon les normes des entrepôts de musée et organisé avec des rangées de mobilier sur des étagères ; cette méthode pratique d’exposition est la première de ce type en Chine.

Cette première exposition se concentre sur le pays et la famille avec du mobilier des règnes des empereurs Kangxi (1662-1722), Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1736-1795) de la dynastie des Qing (1644-1911). Sous le règne de Kangxi, les ébénistes ont continué à produire des œuvres dans le style de la dynastie des Ming, tout en faisant des progrès considérables dans l’utilisation des laques et des incrustations ; dans l’ensemble, les styles de ce règne sont simples, mais conservent leur solennité et leur splendide attrait esthétique. Les ébénistes du règne de Yongzheng ont été guidés par une créativité plutôt disparate et, avec la direction et l’implication personnelles de l’empereur, ont produit un style de palais unique. L’empereur Yongzheng a veillé à inclure des éléments du style lettré dans toute sa production de mobilier ; par conséquent, les œuvres de son règne sont d’une élégance impressionnante. Tout au long du règne de Qianlong, le mobilier a été fabriqué avec les techniques les plus avancées et des matériaux coûteux. L’empereur Qianlong a exigé que divers styles et éléments du confucianisme, du bouddhisme et du taoïsme soient inclus dans la conception. De ses salles dans la Cité interdite aux cours des jardins et des montagnes autour de la capitale, du palais du mont Panshan à la villa d’été dans les montagnes de Jehol (Chengde, province du Hebei), l’empereur a entrepris une transformation complète de la conception du mobilier intérieur et a attribué des pièces à des environnements et des fonctions spécifiques.

Le Musée du Palais impérial possède plus de 6 200 pièces (ou ensembles) de mobilier des Ming et des Qing dans sa collection. Ces œuvres vont du règne de Yongle (1403-1424) à celui du dernier empereur, Puyi (l’empereur Xuantong, r. 1909-1911). La plupart de ces pièces ont été utilisées par la cour des Qing, et la plus grande partie est de la période Qianlong. Les cinq principaux types de mobilier sont les chaises, les lits, les tables, les armoires et les paravents dans leurs diverses itérations (trônes, tables à thé, armoires, etc.), principalement en laque, en bois dur ou en bois blanc. Le mobilier laqué comprend de nombreux exemples de motifs de laque, d’incrustations et de reliefs. Si les meubles les plus importants étaient fabriqués à partir de divers bois durs (zitan, huali et hongmu), une gamme d’autres bois était utilisée pour divers meubles importants ou articles d’usage plus courant. Le mobilier impérial était orné d’or, de jade, d’ivoire, de corne de rhinocéros, de corail, de coquille de palourde, de plume de martin-pêcheur, de bois d’agar, de pierres et d’autres matériaux précieux. Les styles comprennent ceux des Ming, des Qing et des modèles occidentaux. Le mobilier de la collection provenant principalement des cours des Ming et des Qing, ils sont représentatifs de la culture chinoise traditionnelle et constituent des exemples tangibles d’objets enregistrés dans les archives des ateliers du Département de la maison impériale (Neiwufu) de la dynastie des Qing.

Le Département de la maison impériale était chargé de la gestion des possessions et des résidences de la famille impériale des Qing et supervisait les ateliers chargés de produire tous les types d’articles commandés personnellement par l’empereur. À partir du règne de Kangxi, des palais et des jardins impériaux ont été construits ou rénovés dans tout l’empire, mais surtout autour de la capitale, et les besoins en mobilier ont largement dépassé ceux des périodes précédentes. La production impériale comprenait des ateliers spécifiques pour divers types de bois et de laque, et des ébénistes étaient appelés de Guangzhou, Suzhou et d’autres régions pour produire le mobilier commandé par la cour impériale. Les ateliers situés à l’intérieur du palais limitaient nécessairement le nombre d’ébénistes et la quantité de matériaux employés, de sorte que les pièces produites dans ces ateliers étaient généralement les plus exquises. D’autres ateliers impériaux, situés dans des zones plus densément peuplées le long des principales routes de transit, constituaient un maillon essentiel de la chaîne d’approvisionnement et produisaient des quantités de meubles destinés au palais. En outre, de nombreuses pièces finement ouvragées utilisées par la cour étaient présentées comme tribut par des fonctionnaires de tout l’empire et acceptées pour l’usage impérial après inspection personnelle par l’empereur.

Le mobilier du Palais des Qing reflète le savoir-faire artistique de l’époque et donne un aperçu du développement du mobilier traditionnel chinois. La collection du musée ainsi que les archives impériales telles que le Registre des travaux du palais (Huojidang) et le Registre des hommages (Gongdang) fournissent des preuves importantes pour comprendre de nombreux aspects de la production de meubles à cette époque. Des publications récentes, dont la Collection complète des trésors du Musée du Palais impérial : Meubles des Ming et des Qing (Gugong bowuyuan cang wenwu zhenpin quanji, 2000), le Recueil d’archives par les ateliers de l’empire des Qing (Qinggong neiwufu zaobanchu dang’an zonghui, 2005), et l’Inventaire du mobilier du Musée du Palais impérial datant des Ming et des Qing (Gugong bowuyuan cang Ming Qing jiaju quanji, 2016) – ont contribué à la recherche universitaire en présentant des sources primaires, des images et des conclusions savantes sur le mobilier de palais et les questions connexes. La Galerie des meubles est une vitrine de certaines des plus belles œuvres du mobilier traditionnel chinois. En effet, ces trésors témoignent des vastes connaissances et des prouesses techniques du peuple chinois. Cet espace dans les entrepôts sud apporte de l’énergie à cette nouvelle ère de prospérité culturelle.